Le 5 janvier 2003
Lettre imaginaire du Président de la République française aux écrivains américains (http://www.dieguez-philosophe.com/imaginaire ).
A l'heure où la guerre pour le pactole pétrolier irakien se prépare, le gouvernement américain demande à tous les écrivains du pays de rédiger des éloges de la culture américaine qui seront diffusés par les ambassades des États-Unis dans le monde entier. Cette démarche contraint l'Élysée de préciser de quelle manière la défense et illustration de la littérature française est intégrée dans la force de frappe de notre politique étrangère.
J'ai imaginé que le chef
de l'État s'expliquerait sur ce point dans une lettre aux écrivains américains dans laquelle il leur exposerait sa philosophie de la création
littéraire, sa vision de son histoire, sa compréhension des rapports de la littérature avec la politique et avec l'idée de justice.
Ce texte est
traduit en anglais et sera largement diffusé aux États-Unis .
Le rappel et la défense de l’identité intellectuelle de la France présentent un caractère d’urgence à l’heure où les capitales du monde entier assistent, médusées, au déploiement d’un subterfuge dont l’histoire offre peu d’exemples et dont on se demande si le gigantisme compte davantage sur la candeur politique du reste de la planète ou sur un terrorisme de la vertu paré aux couleurs de la démocratie. Le cynisme nouveau refuse à l’Irak la possibilité de détruire lui-même ses armes, s’il en existait, afin de s’emparer sans coup férir de son pétrole.
Cet habillage moderne des guerres de conquête ne sera démasqué que si la France se ressaisit à la faveur d’une prise de conscience claire de son identité cérébrale. Il appartient au Président de la République de le redire à l’heure où le véritable enjeu politique n’est plus celui de la coexistence, assurément légitime, de toutes les cultures, mais du destin de la pensée logique, donc du statut du cerveau européen que deux millénaires et demi ont converti à la lucidité.
Manuel de Diéguez