La propagande prise à son propre piège...

Excellent texte trouvé sur http://www.dissident-media.org

Auteur anonyme 21/03/03

George W. Bush veut chasser le tyran Saddam de son trône dictatorial.
Soit. Mais comme le faisait si bien remarquer Mark Levine, journaliste
au Tikkun [bimestriel de San Francisco], la CIA a elle-même trempé dans
deux coups d'Etat en Irak en 1963 et 1968 dans le but d'asseoir le
pouvoir du parti Baas... parti de Saddam Hussein.

Il met également en évidence le pouvoir des deux plus puissantes
industries des USA et l'impact de celles-ci sur la politique étrangère
américaine. Ces deux secteurs sont, on s'en doutait, ceux de l'armement
et du pétrole.

Ce préambule permet d'en arriver au fait. Mercredi soir, la RTBF [Radio
Télévision Belge Francophone] diffusait un reportage sur la machine de
propagande américaine. Le message diffusé par l'armée US est en
substance le suivant : "Nous ne voulons pas faire la guerre aux
Irakiens, nous ne voulons que le tyran Saddam Hussein qui a pillé les
ressources naturelles de votre pays pour se payer des palais et des
limousines au lieu de construire des écoles et des hôpitaux".

Si le message est clair, il ne peut que heurter tout esprit critique qui
y est confronté. Et ce pour de nombreuses raisons.

Premièrement. Comme signalé dans le préambule, l'Irak a longtemps été le
partenaire des USA, tout au moins tant que ce pays servait leurs
intérêts. Saddam Hussein était donc l'allié des Etats-Unis... Le message
devrait, pour être exact, dire : "Nous voulons destituer Saddam car il
représente un danger pour nos intérêts, il ne nous est plus inféodé,
nous devons donc le remplacer par quelqu'un qui peut nous servir".

Deuxièmement. Ironie du sort, Saddam Hussein a "pillé les ressources de
son peuple à son profit, au lieu de construire des écoles". Il est vrai
que le budget fédéral des USA prouve a quel point ce pays investit dans
la paix, l'éducation et la santé : plus de 389 milliards de dollars par
an pour la défense (premier poste du budget) sans compter les extras, 35
milliards pour l'éducation publique (deuxième poste du budget) et 6
milliards pour la sécurité sociale. Le message devrait donc être :
"Saddam Hussein s'est servi de son argent pour son profit, mais c'est
normal, vu que nous aussi, nous nous servons du buget de notre pays pour
servir les intérêts de quelques puissants que la richesse et le pouvoir
placent au dessus des lois".

Troisièmement. Si vraiment ils ne voulaient que Saddam Hussein, pourquoi
s'inquiéter du fait que celui-ci fasse brûler ses puits de pétrole ? Par
souci écologique ? Vu que les USA ont refusé de signer le protocole de
Kyoto relatif à la réduction d'émissions de gaz à effets de serre, on
peut en douter. Pourquoi alors ? Peut-être pour le pétrole lui-même ? Le
message devrait donc stipuler : "Nous sommes les maîtres incontestés du
pétrole et nous tenons à le rester, notre président a pleins d'amis qui
ne veulent pas que les pays producteurs de pétrole suivent une autre
ligne de conduite que celle imposée par Washington et nos
multinationales".

Quatrièmement. "Nous ne voulons pas faire la guerre aux Irakiens". Soit,
mais le problème, c'est qu'il est dur de faire la guerre à un dirigeant,
fut-il un tyran, sans attaquer son pays. Le message devrait donc plutôt
dire : "On s'en fout que des Irakiens crèvent pendant cette guerre, vu
que nous vous connaissons même pas et que de toute façon, votre chef, il
est nul. D'ailleurs, c'est pour ça qu'on vous a pas aidé a vous en
débarrasser il y a dix ans. On sait jamais... Son remplaçant aurait pu
être plus malin. Crevez en paix femmes, enfants et innocents. Dieu
reconnaîtra les siens et George priera pour vous".

Cinquièmement. "Nous voulons vous libérer d'un tyran", celle là, c'est
probablement la plus belle. Tout d'abord, parce que c'est les USA qui
ont installé le parti Baas au pouvoir, ensuite parce que des tyrans,
George en connaît pleins qui sont bienvenus à Washington, pourvu qu'ils
servent ses intérêts. Le message devrait donc plutôt exprimer : "On s'en
fout de qui vous dirige, nous on fait cette guerre pour pleins de bonnes
raisons : nous allons contrôler votre pétrole, nous balançons pleins de
bombes très cher pour faire tourner notre industrie de l'armement et
pour tester notre nouveau matériel contre une armée minable qui fera peu
de morts chez nous. En plus, le prochain dirigeant devra reconstruire le
pays, son armée et tout le reste... Et devinez qui vous vendra des armes
quand vous n'en aurez plus ? En échange, vous nous refilerez votre
pétrole à nos conditions. Si votre nouveau chef (que l'on vous imposera
de toute façon) n'est pas d'accord, nous pourrions lui faire la guerre
aussi, ou l'assassiner pour changer un peu, nous l'avons déjà fait pour
d'autres par le passé et cela ne nous pose aucun problème moral.
Assassiner des gens n'est pas très grave, pourvu qu'ils ne soient pas
riches, américains et bien en vue à Washington. Mais pour Saddam, ça va
pas, d'abord parce que ce serait mal vu et que trop de monde aurait des
soupçons sur le commanditaire, ensuite, parce que ça arrange pas nos
plan, nous voulons contrôler le Moyen-Orient comme le reste du monde, il
faut donc que nous nous y installions quelques temps."

Comme on le voit, l'immense fossé qui sépare le discours de propagande
de guerre et la réalité politique démontre que la démocratie, aux USA
comme ailleurs, reste un voeu pieux, une supercherie mise en place par
quelques puissants et soutenue par des médias conciliants, voire collabos.

Mais que faire alors ? La solution réside probablement plus aux
Etats-Unis que partout ailleurs. En dialoguant avec le peuple des USA,
nous pouvons tentez de leur faire comprendre que nous ne voulons pas de
cette guerre, car les intérêts poursuivis ne sont ni ceux du peuple
Irakien, ni ceux des Américains. Nous pouvons leur démontrer que cette
différence fondamentale entre le discours de propagande et la réalité
est un coup de bluff monumental et une injure à la raison.

Parce que toute opposition directe et agressive est malvenue et peu
constructive, ayons l'audace et la patiente de faire admettre aux
Américains que le réel patriotisme démocratique se situe dans la liberté
de tout une nation à dire "non" à son dirigeant. Ayons assez de coeur
pour aimer l'Amérique et assez de sens diplomatique pour lui venir en
aide... Soutenons le camp de la paix là où il est le plus efficace pour agir.

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