TEMOIGNAGE de Sophie MERCIER,
militante à Femmes Solidaires, en délégation en Palestine
PALESTINE : LE CRI D'ALARME DES FEMMES PALESTINIENNES
A l'initiative de l'Association pour la Promotion des Jumelages entre les villes de France et des camps de réfugiés Palestiniens, une délégation de 30 femmes engagées dans le milieu associatif, syndical ou politique s'est rendue en Palestine et en Israël du 25 au 29 janvier dernier.
« Nous avons toutes été marquées par ce que nous avons vécu dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Sur place, les contrôles aux check-points, la peur des incursions de l'armée israélienne en territoire palestinien, les bombardements, sont le quotidien des familles palestiniennes qui nous ont accueillies. Nous avons partagé la souffrance des mères palestiniennes dont les enfants blessés par balles resteront paralysés. Partout dans les rues, aux devantures des magasins, sont affichés les visages d'enfants et de jeunes garçons tués. Toutes les mères palestiniennes lancent le même cri de détresse :
« Protégez nos enfants ! »
Depuis la deuxième Intifada et le bouclage des territoires, plus de 60% des travailleurs palestiniens se retrouvent au chômage. Malgré toutes ces difficultés, ces souffrances et les incertitudes du lendemain, les femmes s'organisent et trouvent au jour le jour des réponses. A Gaza, l'Union générale des femmes palestiniennes propose des ateliers de couture et de cuisine. Ces activités permettent à des femmes de percevoir un petit salaire et d'avoir une vie sociale.
A gaza et à Ramallah, nous nous sommes jointes à des manifestations de femmes en soutien à Yasser Arafat. Les palestiniennes ont révoltées par l'assignation à résidence imposée par l'armée israélienne à leur président légitimement élu. Yasser Arafat représente pour elles la garanti de leurs droits de femmes et de citoyennes face aux intégristes.
Nous avons exposé, lors de notre rencontre avec le président Arafat, la démarche de la délégation de notre volonté de rencontre les forces progressistes israéliennes, démarche qu'il a fortement encouragée.
A Jérusalem, nous avons rencontré les représentantes des associations israéliennes Bat Shalom, Women Coalition for Peace, le comité contre la destruction des maisons à Jérusalem et les femmes en noir. Face à l'opinion publique générale israélienne, elles aussi ont besoin d'être soutenues. Pourtant, des changements sont à souligner. Le refus des réservistes israéliens de remplir leurs obligations militaires dans les territoires palestiniens sont, nous l'espérons, les prémices d'une nouvelle résistance à la politique guerrière du Premier ministres israélien.
Les femmes palestiniennes nous ont demandé de porter leur appel au secours pour assurer la protection des enfants et du peuple palestinien. Nous avons vu un peuple qui veut la paix, une paix juste, pas une capitulation. Les solutions politiques à ce conflit existent. Il s'agit de la reconnaissance d'un état palestinien dans les frontières de 1967, le droit au retour des réfugiés, conformément au droit international adopté par les Nations Unies, et encore inappliqué aujourd'hui. Nous demandons la tenue d'une conférence internationale pour la reprise immédiate des négociations où la France et l'Europe joueraient pleinement leur rôle.
Nous sommes toutes revenues transformées de ce voyage dans lequel nous avons vu autant de désespoir que de dignité. »
Lettre ouverte de l'Association France Palestine Solidarité...
au Président de la République,
au Premier Ministre,
au Ministre des Affaires Étrangères,
à Monsieur le Maire de Paris
Paris, le mardi 5 mars 2002
Nous apprenons ce jour qu'à deux reprises, en mars, la politique d'occupation israélienne devrait être célébrée à Paris.
- Le 14 mars, au Zénith, devrait avoir lieu une initiative de «soutien inconditionnel à Israël» (SIC), avec une intervention en direct (satellite) d'Ariel Sharon. Ce même Ariel Sharon que la justice belge entend juger, sur la plainte des survivants de Sabra et
Chatila, au nom de la compétence universelle à juger «les crimes de guerre, crimes contre l'humanité, crime de génocide», le même Ariel Sharon qui bombarde régulièrement la Palestine occupée, menace le président Yasser Arafat, n'entend que «faire subir des coups très durs» à la population palestinienne, pour n'envisager une hypothétique négociation qu'avec «des vaincus». Le même Ariel Sharon dont la majorité de la société israélienne se désolidarise.
- Le 18 mars est prévu au Palais des Sports un spectacle avec l'armée d'occupation israélienne, dont les pratiques dans les Territoires occupés palestiniens sont dénoncées par de plus en plus de soldats et de réservistes israéliens, comme par les associations israéliennes de défense des droits humains.
Il est indécent que de telles initiatives, apologétiques d'une occupation militaire et de ses crimes, puissent avoir lieu sur le territoire français.
De la même façon que la France sanctionne l'apologie et l'incitation à la haine raciale, les Autorités françaises, comme la mairie de Paris, s'honoreraient à intervenir pour empêcher la tenue de ces manifestations qui défient toute morale et, à l'inverse, manifester publiquement leur soutien aux soldats et réservistes israéliens qui, au nom même de la conscience d'Israël et de l'éthique, refusent, malgré les risques encourus, de servir en Palestine occupée. Nous vous demandons donc d'intervenir au plus vite en ce sens.
Association France Palestine Solidarité
21 ter Rue Voltaire 75011 Paris
Tél. : 01 43 72 15 79 - Fax : 01 43 72 07 25
E-mail : >afps@france-palestine.org
Site : www.france-palestine.org